mercredi 11 septembre 2013

9-11 12 ans plus tard - Katrina 8 ans plus tard = Ma vie a jamais reliée aux USA

Déjà 12 ans que ma vie est à jamais liée à celle des Etats Unis. Quoi qu'il se passe, je ne pourrais jamais oublier tout ce que j'ai vécu avec ce pays. J'avais à peine 20 ans et j'allais connaitre les pires atrocités que je n'ai jamais vu...J'ai eu la chance de vivre une enfance dans un pays qui n'est pas en guerre, je n'ai jamais connu de privation, les morts que j'ai vu jusqu'à maintenant se résume à mes grands parents lorsque j'étais petite (je n'ai pas vraiment souvenirs de leurs corps à proprement parlé, ce qui est dure c'est l'émotion ressentie, la perte de proches, l'absence,...), la mort de 2 amis dans un accident de la route,  ainsi qu'aux décès auxquels j'ai été confronté dans mon job de pompiers volontaires...un mort par-ci-par-là, des inconnus qui sont passés dans ma vie...je me souviens de mon tout premier mort en tant que pompier, ensuite je me souviens de ceux qui m'ont marqués de par leurs histoires de vie, de part la situation de leurs décès et malheureusement ou heureusement certains que j'ai totalement oublié....La mort fait aussi partie de la vie et il faut passer à autre chose rapidement si on ne veut pas se faire "bouffer" par la misère humaine que l'on rencontre.

De part ma formation, j'ai été formée à sauver des vies, massage cardiaque, intubation, injection d'adrénaline,...lutter pour ramener la vie. Avec parfois la question lutter pour ramener quelle vie ???? Le cerveau n'aura t'il pas trop souffert du manque d'oxygène ? Quelle vie va t'on offrir au patient et à sa famille ? La vie végétative est-elle une vie pour soi et pour les autres ??? Des questions qui à ce jour n'ont pas trouvé de réponse...J'ai certes des convictions personnelles à ce sujet mais néanmoins il ne faut pas oublier que l'on ne peut pas appliquer ses choix et ses volontés à la vie des autres.

Et puis un jour, rien ne vous y prépare c'est un matin comme les autres et pourtant votre vie bascule...Tout vos repères sont balayés sans que vous ne vous en rendiez compte, il y a les cris, puis le silence...seuls le ronronnement des moteurs des différents moyens de transports (avions camions, hélicos, bateaux), des groupes électrogènes,..). Vous partez sans vous poser de questions, votre objectif sauver des vies, retrouver des personnes vivantes pour rendre un sourire à toutes ces familles tristes qui attendent dans l'angoisse...et puis se rendre à l'évidence, accepter que l'on ne peut malheureusement pas lutter, se rendre compte que l'atrocité humaine et les catastrophes naturelles  ne connaissent pas de limites...Se réjouir de retrouver un corps et tout faire pour le récupérer ou au moins pour faire en sorte qu'il soit retrouvé plus tard....L'importance pour une famille d'avoir un corps pour faire son deuil, l'importance de savoir ce qu'il s'est passé !!!!! Bien sure il y a toujours l'espoir de retrouver des survivants et c'est aussi le lien moteur, la petite flamme qui nous anime et qui nous pousse à y retourner encore et encore...Parfois le miracle tant attendu se produit et là c'est l'explosion de joie, la sensation de vraiment faire quelque chose de bien. 

A New York, j'étais une probies (un bleu dans le jargon US, une petite nouvelle pour les autres), j'étais la petite stagiaire Frenchie (à NYC tous les pompiers sont professionnels, nous sommes 4 ou 5 volontaires stagiaires sur tout la ville et nous avons tous des nationalités différentes). Je deviendrais pompier à part entière dans cette ville en moins de temps qu'il n'en faut pour un vrai probies. (La période de probies dure un an...C'est la période durant laquelle vous sortez de l'école et où l'on vous affecte à votre première caserne..pendant un an, nous êtes le petit nouveau avec toutes les joies que cela apporte (les corvées de ménage, les petits bizutages,...mais aussi l'appartenance à une communauté).

Aujourd'hui, je suis rentrée en France. Depuis 3 ans, je ne retourne plus aux US tous les ans (voir plusieurs fois par an). Mes amitiés restent pourtant très fortes, les mails s'échangent toujours, skype fonctionne pas mal et surtout le fait de savoir qu'avec mes collègues US, nous sommes liés, un lien qui ne s'explique pas et qui fait que pourtant, nous ressentons le besoin immédiat de partager toute information importante qui nous arrive dans notre vie (naissance, mariage, décès, nouveau job). Je n'ai pas fait une seule intervention aux états unis depuis 4 ans et pourtant je suis toujours au courant des nouveaux qui arrivent dans mon ancienne compagnie. On me les présente sur Skype à chaque fois....





6 commentaires:

  1. Très beau récit Sandrine..., j'apprécie toujours autant te lire, beau partage. Moi aussi je pense toujours à cette date du 11/09 ... jamais je n'oublierai ce que l'humanité a de plus désastreuse et à quel point ma nouvelle vie en école de journalisme à l'époque allait être mouvementée d'actualité.

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    1. Je pense que le 11 septembre est le premier evenement qui a été vécu en direct dans le monde entier. Une catastrophe qui a été introduite dans chaque foyer...la guerre en direct....
      Après je met un bémol car il ne faut pas oublier tous les massacres qui passent inaperçus partout dans le monde où les massacres que l'on connait et qui pourtant ne sont pas médiatisés.

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    2. Idem aussi, je me dis qu'un massacre peut rappeler tous les autres, tous ceux qu'on tait, je le fais dans cette démarche. Je me rappelle qu'à la libération de deux journalistes français retenus en otage depuis un moment, je m'étais rendue à la cérémonie à l'hôtel de ville, quand on m'a interviewé pour la radio, on m'a demandé pourquoi j'étais là, j'avais répondu qu'évidemment pour eux mais aussi et surtout pour rappeler tous ceux qui de par le monde sont privés de liberté, la journaliste m'avait alors demandé si je croyais que les gens y pensaient aussi, ma réponse avait été : je l'espère ... Car ce n'est pas en fermant les yeux qu'on voit le monde meilleur ...

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  2. Très beau récit, plein d'émotions.

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  3. ah l'intégration et la vie en communauté…je crois que c'est le point que je ne pourrai jamais oublier des USA ! ( en tous cas du Midwest)

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  4. Bonjour Odile et merci pour ton commentaire. J'avoue suivre un peu un la famille Squirrel, c'est toujours sympa pour moi de suivre la vie d'expat...cela me rappelle des bons (parfois moins bons) souvenirs. L'impatriation n'est pas toujours facile à vivre non plus étrangement. Mais c'est vrai que la vie en communauté malgré quelques inconvénients (il faut vraiment coller au groupe) à quand même des avantages fort sympathiques (barbecue avec les voisins, jeux entre voisins).

    Bon courage et à bientôt peut être sur ton blog

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